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RCCJP – Volume 63.1 (2021)

Les droits et le travail social / Définitions, enjeux et perspectives

Par Céline Bellot
Québec : Presses de l’Université du Québec. 2020. 128 p.

Que voilà un « petit » livre fort intéressant. Petit par sa dimension (128 pages). Intéressant par son sujet pour le juriste, le criminologue et le spécialiste du travail social. En effet, nous avons tellement de livres et d’articles professionnels à consulter que lorsqu’un livre sur un sujet pertinent nous est proposé et qu’il peut nous « dire l’essentiel » en 100 ou 200 pages, il a un « grand mérite ». C’est le cas précisément de ce livre de Céline Bellot.

Céline Bellot est une juriste et une criminologue qui travaille en service social puisqu’elle est la directrice actuelle de l’École de travail social de l’Université de Montréal. Sa formation multidisciplinaire au croisement du droit, de la criminologie et du travail social est relativement unique. Française d’origine, elle a d’abord obtenu son diplôme en droit, particulièrement en droit pénal, à la Faculté de droit et à l’Institut de sciences pénales et de criminologie (ISPEC) de l’Université d’Aix-Marseille (AMU). Par la suite, elle a obtenu ses diplômes en criminologie (maîtrise et doctorat) à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Ses intérêts professionnels se sont rapidement fixés sur des sujets interdisciplinaires. Ses travaux de recherche portent précisément cette marque avec des thèmes comme celui de la « judiciarisation des populations marginalisées »: individus en situation d’itinérance, consommateurs de drogues, personnes défavorisées, spécialement les autochtones du Québec. Elle a créé l’Observatoire des profilages et la question du racisme systémique la préoccupe au plus haut point. Tous ses travaux s’inscrivent dans un cadre partenarial avec les organismes communautaires et les institutions publiques et … de manière participative avec les populations concernées. Tout compte fait, Céline Bellot reprend à sa façon, avec ses équipes de recherche, une grande tradition nord-américaine qui origine à l’Université de Chicago dès les années 1910 et à l’Université de Toronto dès les années 1950 … où la criminologie et le travail social travaillaient de mèche sous la terminologie du « social work » américain et du « social service » canadien. Cette tradition vient d’être renouvelé très récemment au Québec avec la complicité de la criminologie et du travail social qui forment depuis 2015 à l’Université Laval, située dans la Ville de Québec, une École intégrée de travail social et de criminologie (TSC).

Premier manuel francophone traitant des droits de la personne au regard du travail social, le présent ouvrage s’ancre directement dans les conceptions contemporaines de ce domaine en participant au développement des compétences et de habiletés requises pour la pratique de la profession. Au cœur des situations humaines et sociales complexes, le travailleur social et la travailleure sociale s’appuient sur un cadre où les principes du respect des droits fondamentaux et la défense de la justice sociale sont essentiels. Ce livre de Céline Bellot présente un certain nombre de règles juridiques et donne des exemples de leur application dans différents contextes d’intervention sociale. Au fil des chapitres, les étudiants et même les professionnels déjà en fonction découvriront les perspectives sociohistoriques qui permettent de comprendre l’état actuel des législations québécoises et canadiennes, d’appréhender les objectifs et les finalités de ces législations et de saisir les enjeux vécus par les personnes et les populations en matière d’accès aux droits et aux institutions qui les défendent. Les nombreux exercices proposés aux lecteurs par l’auteure font avancer la réflexion sur ces enjeux. Centré sur les droits de la personne, cet ouvrage parcourt les questions des régimes juridico-politiques québécois et canadien, du consentement, du droit de la famille, de la protection de la jeunesse, des droits des peuples autochtones, des autorisations de soins et de la protection des adultes en général. D’ailleurs, tous ces droits sont encore plus pertinents dans une période post-pandémie comme nous le vivons depuis le printemps 2020 …

En conclusion, je réaffirme qu’un tel petit livre de 128 pages sur un tel sujet est un fait d’armes « exemplaire » et « remarquable ». Les auteurs de livres en droit et en criminologie devraient en prendre note et écrire plus souvent des livres aux dimensions plus raisonnables tout en étant fort valables sur les plans scientifiques et professionnels, un peu comme les livres d’une collection célèbre, les fameux « Que sais-je » français. Céline Bellot nous annonce que son prochain livre sera encore plus orienté vers les problèmes de droit pénal et de criminologie. Nous espérons qu’elle réussira encore une fois le pari de nous « dire l’essentiel » avec le même brio.

ANDRÉ NORMANDEAU
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

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