RCCJP – Volume 66.1
Le roman policier africain
Par Jean-Paul Martin
Québec : Les Presses de l’Université Laval. 2024. 211 p.
Le roman policier n’est généralement pas retenu comme sujet d’étude en criminologie et en justice pénale. C’est malheureux. En effet, il devrait l’être, « au moins en partie », car les descriptions de la criminalité faites par les auteurs sont quelques fois assez près de la réalité criminelle. Ces romans devraient être mieux connues par les étudiants et même par les professeurs et les chercheurs universitaires, par les praticiens de la justice également. En matière de « criminologie appliquée », de telles descriptions ont une valeur, à mon avis.
Le livre de Jean-Paul Martin, « Le roman policier africain », en est un bon exemple car, comme le dit le sous-titre du livre, il pose des « Regards critiques sur des sociétés en mutation ». Pour rappel, l’Afrique compte 54 pays selon l’Organisation des Nations-Unis (ONU). Le livre de Martin présente des extraits de 53 auteurs de roman policier africain, dont 30 francophones et 18 anglophones, représentant 22 pays africains. En consacrant cet ouvrage à la présentation de romans policiers dont les intrigues se situent en Afrique et qui sont écrits pas des auteurs africains, en choisissant de prendre comme cadre de référence l’ensemble du continent africain, l’objectif, dit l’auteur, « n’est pas seulement de faire découvrir cette littérature à un public aussi large que possible. Il est aussi de lui montrer que sa lecture représente bien plus qu’un simple divertissement. Elle offre en effet une analyse originale et pertinente de l’évolution des sociétés africaines contemporaines et des problèmes, qu’en dépit de leur diversité, elles ont en commun » (p. 1). L’auteur affirme que « l’objectif est ici de mettre en évidence la dimension proprement sociologique de cette littérature » (p. 3).
Une observation de l’auteur est fort intéressante. Il observe que cette littérature est malheureusement peu connue, y compris par les Africains eux-mêmes. La production de ce genre de littérature, dit-il, est malheureusement dévalorisée par l’image de la littérature policière considérée comme une littérature de second ordre.
Nous sommes donc conviés à lire le livre de Jean-Paul Martin afin de nous faire une idée personnelle de l’intérêt de cette littérature pour la criminologie et la justice pénale. Avis aux criminologues au sens large et aux criminalistes/juristes de ce monde. Pour notre part, nous avons littéralement « adoré » ce livre, peut-être parce que nous étions déjà intéressés aux romans policiers nord-américains et que la comparaison nous intéressait vivement.
Une belle réussite que ce livre fort original !
ANDRÉ NORMANDEAU
UNIVERSITÉ DE MONTÉAL