skip to Main Content

RCCJP – Volume 64.1 (2022)

Itinéraire d’un policier intrépide

Par Denis Côté et Geneviève Lefebvre
Montréal : Les Éditions du Journal. 2021. 236 p.

Il est toujours relativement rare que des policiers s’expriment par la publication d’une autobiographie, ce qui se comprend bien, compte tenu que leur expertise est celle d’un praticien et non celle d’un professeur d’université. Pourtant, de telles biographies personnelles et professionnelles sont nécessaires afin que les juristes et les criminologues, sans compter un certain grand public, puissent mieux comprendre le quotidien des policiers et en tirer des leçons utiles pour la pratique de d’autres policiers mais également des juristes et des criminologues qui travaillent sur le terrain des tribunaux, par exemple. Ainsi en est-il du livre recensé par la présente de M. Côté et de Mme Lefebvre: « Itinéraire d’un policier intrépide ».

Le policier qui co-signe ce livre, Denis Côté, a travaillé au Service de police de Montréal pendant plus de 30 ans. Le consignataire est la journaliste Geneviève Lefebvre. Le métier de policier ne prédispose pas à celui d’écrivain, évidemment, ce qui explique que, la plupart du temps, les livres de cette nature sont écrits en cosignature, comme celui-ci. Une telle collaboration est fort appropriée, à mon avis, afin que l’expérience de vie professionnelle d’un policier puisse être transmise de façon pertinente. Il s’agit donc ici, comme le mentionne avec un certain lyrisme le préfacier Patrick Lagacé, un journaliste d’enquête bien connu au Québec et au Canada, d’un récit autobiographique « d’un grand révolté au cœur à la bonne place, épris de justice, qui met sa vie en danger pour servir et protéger ». Denis Côté parle avec un franc-parler remarquable de lucidité. Il n’enjolive pas les faits: les faits parlent d’eux-mêmes et disent tout ce dont on a besoin de savoir sur le courage d’un policier. En effet, Denis Côté est l’un des policiers qui, au cours des 20 dernières années a été au premier rang des interventions importantes du Service de police de Montréal, en particulier d’événements de nature terroriste. Comme le signale le préfacier: « L’agent Côté aurait très bien pu avoir la vie plus douce, dans un bureau. Il aurait pu planter son drapeau sur une des îles du vaste archipel qu’est un immense corps de police comme celui de Montréal. Mais il choisissait encore et toujours de patrouiller en solo, sa vocation ».

Fidèle à son instinct et à son sens du devoir, l’agent Côté n’était toutefois pas connu comme le policier modèle. Il lui est arrivé de frôler les limites de la légalité et de la déontologie au nom de la justice avec un grand J.

Ce livre est surtout celui d’une « description très vivante et colorée » des interventions un peu spectaculaires de Denis Côté plutôt qu’une analyse raffinée de ses interventions. Le juriste et le criminologue pourraient être tentés de laisser de côté ce genre de littérature. Néanmoins, ils auraient vraiment tort car les interventions personnelles et professionnelles détaillées de l’agent Côté sont des éclairages fort pertinents pour la compréhension du « métier de policier » et, par le fait même, un éclairage pour le juriste et le criminologue pour mieux comprendre ce métier qui est devenu depuis 10 ou 15 ans une véritable « profession de policier ».

ANDRÉ NORMANDEAU
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Back To Top
×Close search
Rechercher