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Numéro spécial 37.3

DR. VICKI CHARTRAND, rédactrice invitée
—Nous reconnaissons aux gardiens traditionnels de ce territoire et nous rendons hommage aux aines d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Editorial
Par DR. VICKI CHARTRAND

INDIGENOUS AND RACIAL JUSTICE

Just Futures: Race, Nation, and the State
A Conversation with EL JONES & VICKI CHARTRAND

Par EL JONES & VICKI CHARTRAND, PhD

Conversation adaptée d’une série de panels organisée par le Social Justice Institute Graduate Student Association de University of British Columbia dans le cadre Just Futures le 7 février 2022 (www.justfuturesubc.wordpress.com). Nous tenons à remercier Lindsay Nkem, David Ng, Elaina Nguyen et Shannon Srivastava pour leur travail, leur énergie et l’esprit dans lequel ils ont organisé ce panel et cette série. La conversation porte sur la façon dont la race était un élément central de l’organisation du colonialisme qui s’est aujourd’hui transformée en de multiples discriminations. Jones et Chartrand dissipent les mythes de la tolérance canadienne et établissent un lien entre la violence dans les prisons, les systèmes de justice pénale, et la société en général – et de l’esclavage des Noirs dans le monde libre, le génocide des Autochtones, l’exclusion socio-économique des immigrants/travailleurs non blancs et non européens (p. ex. les Chinois), ainsi que la montée actuelle de la discrimination à l’égard d’autres groupes (comme les travailleurs du sexe, les personnes homosexuelles et transgenres, les personnes atteintes de maladie mentale ou vivant avec un handicap). Ces processus systémiques s’étendent à tous les espaces publics et privés par le biais de l’incarcération de masse.


Colonial Automobility and Roads to Resistance
Par THALIA ANTHONY, JUANITA SHERWOOD & HARRY BLAGG

Les auteurs examinent l’utilisation du l’automobile comme un outil de la domination coloniale au fil du temps, notamment pour emparer des terres autochtones, amener les enfants autochtones dans des écoles résidentiels, et dans le cadre de poursuites policières a grandes vitesses axées sur la race. Une enquête a révélé que des policiers ont perdu le contrôle de leur véhicule (sans savoir qu’ils roulaient a 134 km/h) au cours d’une poursuite d’un jeune conducteur autochtone (poursuivi uniquement parce que son véhicule semblait « douteux » aux yeux des patrouilleurs). Selon les auteurs, certaines communautés des Premières nations ont contré ces utilisations nécro-politiques de l’automobile en « arrivant les premiers », en effectuant des patrouilles de nuit par des membres de la communauté capables de résoudre les conflits et, ainsi, de contourner la criminalité locale sans l’aide de la police. Anthony, Sherwood et Blagg considèrent cette indigénisation de l’automobile comme un acte de résistance qui actualise l’autodétermination autochtone et les pratiques de justice traditionnelle. Bien que cet article se concentre exclusivement sur la domination coloniale en l’Australie, les parallèles évidents avec l’histoire des colonies de peuplement d’autres nations occidentales seront très parlants pour les lecteurs canadiens.


An Act of Racialized State Violence: New Zealand Police Take Extralegal Photographs of Māori Youth
Par ANTJE DECKERT, ADELE NORRIS & JUAN TAURI

La « stratégie de la criminalité » racialisée en Nouvelle-Zélande date du 19e siècle et a été renforcée au fil du temps au sein de l’ensemble du système judiciaire – les tribunaux, les prisons et les commissions de libération conditionnelle. Après avoir intégré l’urbanisation massive des Māori entre la Seconde Guerre mondiale et 1966, la récession économique des années 1970 et la violence d’État multiforme infligée aux Māori, les auteurs se concentrent sur l’année 2021 pour étudier la photographie illégale d’enfants par la police néo-zélandaise comme un acte de violence d’État. Notant le ciblage croissant, la collecte injustifiée de données et de nombreuses autres discriminations quotidiennes ne constitue pas seulement un problème de santé publique, mais sont des signes de ce qui nous attend.


To Cause to Feel Burdened in Spirit
Par CHARLES JAMIESON

Dans cet article enrichi d’un témoignage, l’auteur s’élève contre l’infliction intentionnelle au fil du temps de la solitude spirituelle aux peuples autochtones comme moyen d’assimilation et/ou de génocide. Jamieson, un prisonnier autochtone qui a passé environ 460 jours en isolement administratif depuis 1996, souligne que la ségrégation de la communauté et « l’isolement dans le trou » aboutissent à une solitude spirituelle infligée à dessein. Parlant de la stabilité dont jouissaient les autochtones dans leurs communautés avant le premier contact, Jamieson cite les pensionnats et les prisons comme des systèmes conçus pour « briser l’Indien » et déplore ces tactiques d’oppression assimilatrices, soulignant qu’elles touchent au cœur même des relations entre les autochtones et le Créateur et qu’elles peuvent briser la volonté de vivre.


Série de peintures avec textes descriptifs: CROW WOMAN, INDIGENOUS WARRIOR WOMEN, KITA NIA/ÉCOUTES-MOI/LISTEN TO ME, LE RETOUR DU FILS PRODIGE “& PRODIQUE”
Par l’artiste Abenaki MAMIJO (PAPILLON LUNE) / KURT NICHOLAS ROUGIER


Dangerous Knowledge
Par DARYLE E. KENT
Kewatino Ininni, Anishinabé

Dans une prison de haute sécurité depuis 1984, Kent réfléchit au racisme qui régnait à l’école, où il subissait constamment les railleries et les insultes racistes des garçons blancs. Arrêté à l’âge de 13 ans pour possession d’une arme après une bagarre à l’école avec ces garçons, il explique sa trajectoire « coloniale » à travers la détention des jeunes, la prison provinciale et la prison fédérale où il a été accusé du meurtre de deux gardiens. Kent déplore l’absence d’un organisme d’enquête impartial dans ce pays, capable de mandater le Service correctionnel du Canada (SCC) pour créer un environnement respectant la règle de droit. Kent souligne que les règles contre le racisme doivent être rendues exécutoires pour mettre fin à la persécution des peuples indigènes à l’intérieur et à l’extérieur de la prison. Kent a perdu ses deux parents lorsqu’il avait cinq ans et s’estime chanceux à ne pas avoir été pris dans la rafle des années soixante. Ce n’est pas le fait d’avoir été élevé dans la réserve avec la communauté et tous les outils nécessaires pour vivre de manière plus traditionnelle qui a posé problème, mais le fait d’avoir dû renoncer à son identité autochtone lorsqu’il est entré dans les communautés blanches. Bien que l’histoire se soit révélée être une lutte continue avec différentes phases de génocide, Kent conclut avec un message d’espoir.


The Boy and His Sandcastle
Par ZAKARIA AMARA

Douze ans après avoir été condamné à perpétuité pour son rôle dans le complot terroriste de l’attentat de Toronto 18 à l’âge de 20 ans, l’auteur reste heureux que personne n’ait été tué, demande pardon, et évoque ses trois années de détention provisoire et ses six années passées dans la prison Super Max du Canada. Aujourd’hui dans un établissement à sécurité minimale, l’auteur nous fait part de ses réflexions sur son propre processus de radicalisation et sur les problèmes mondiaux en jeu. Attribuant sa propre radicalisation à une tempête parfaite d’influences internes et externes au fil du temps, Amara se souvient de la discrimination dont il a été victime enfant en Jordanie, à Chypre, en Arabie saoudite mais aussi au Canada, où il n’était pas assez blanc pour s’intégrer. Amara se souvient que la nouvelle de l’invasion de l’Irak par les États-Unis et les massacres de civils innocents qui en ont résulté l’ont fait basculer dans la radicalité. Des années plus tard, en prison, les nouvelles des atrocités liées au califat dʼISIS l’ont libéré. Amara n’attribue pas à l’islâm la responsabilité de la radicalisation des musulmans dans le monde, mais plutôt aux 100 ans d’oppression et de corruption dans cette région et à l’exclusion socioéconomique extrême dont sont victimes les musulmans dans la plupart des pays occidentaux aujourd’hui.


YOUNG RESEARCHER CONTRIBUTIONS

“Unmanageable threats?”: An examination of the Canadian
Dangerous Offender designation as applied to Indigenous people

Par EMILY LAMPRON

En 2018-2019, 35,5 % des personnes qui ont reçu une désignation de délinquant dangereux au Canada sont autochtones (Sécurité publique Canada, 2020, p. 117).
La présente recherche vise à expliquer pourquoi cette désignation cible de façon disproportionnée les Autochtones. En examinant spécifiquement les façons dont les tribunaux effacent le colonialisme de peuplement au travers du processus décisionnel de désignation Délinquant dangereux, la recherche de l’auteure montre que les discours sur le risque dominent une grande partie des rapports de jurisprudence analysée au cours de son étude et comment les impacts du colonialisme d’implantation sont traduits en facteurs de risque individuels (Lampron, 2022). L’auteur souligne que bon nombre des facteurs de risque qui justifie l’application de cette désignation est en fait symptomatique du colonialisme de peuplement. Lampron conclut que l’expérience unique du colonialisme d’implantation est soit effacée, soit traduite en facteurs de risque par divers experts des tribunaux, ce qui maintient en vie un paradigme colonial, blanc-indigène / civilisé-non civilisé, exposant les autochtones à un risque accru de recevoir une peine de durée indéterminée et contribuant à leur taux élevé d’incarcération.


Risk tools in Canadian federal prisons: Colonial erasures
through security classifications

Par SAHR MALALLA

Sahr Malalla étudie comment le Service correctionnel du Canada (SCC) a légitimé l’utilisation d’instruments actuariels dans sa procédure initiale de classement sécuritaire et de placement pénitentiaire, malgré des critiques connues – notamment le nombre disproportionné d’Autochtones emprisonnés à des niveaux de classement sécuritaire plus élevés par rapport à leurs homologues non autochtones. Cet article montre comment le SCC fait appel à des justifications fondées sur une rationalité actuarielle qui facilite l’effacement ontologique des indigènes en prison, conformément à une logique d’élimination (Wolfe, 2006) inhérente aux sociétés coloniales.


Les opinions qui sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Association, mais y figurent afin d’encourager à réfléchir et à agir sur la justice pénale dans tout le Canada.

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