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RCCJP – Volume 66.3

La police et les contrôles sanitaires : Derrière la façade

Par Yves Boisvert et Luc Bégin
Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. 2024. 395 p.

La recherche en droit pénal et en criminologie n’a pas l’habitude de traiter du travail de la police autrement que comme l’intervention de la police en termes de prévention et de répression de la criminalité « classique », i.e. de la criminalité contre les personnes, surtout en termes de violence physique, et contre les biens, surtout en termes de vols de tout acabit. Or, voilà que Boisvert et Bégin, les auteurs de ce livre sur « La police et les contrôles sanitaires », nous amènent à suivre le travail de la police à l’occasion d’une législation « historique » en matière de respect d’une règlementation en matière de « couvre-feu » lors de la période de la pandémie COVID-19 au Québec en 2020-21.

Le 13 mars 2020 a marqué un tournant au Québec (et ailleurs évidemment, comme en Europe) avec l’instauration de l’urgence sanitaire liée à la COVID-19, qui a contraint le gouvernement à faire la gestion de la pandémie une priorité. En promulguant des décrets stricts, qui restreignent les libertés individuelles, l’État a dû mobiliser la police et ses patrouilleurs afin que les règles soient respectées. Ces mesures régulatoires ont toutefois entraîné des situations inédites et des déviances sociales inattendues et ont donné naissance à une nouvelle catégorie de transgresseurs.

Ce livre, qui repose sur une analyse approfondie du contexte politico-administratif et des enjeux de sécurité publique de cette période, s’intéresse à la perception des policiers sur la stratégie adoptée durant la crise. Il met en lumière le passage d’une approche axée sur la prévention à une approche répressive, ce qui a soulevé des dilemmes éthiques chez maints patrouilleurs. Il montre également comment l’écart entre la commande  gouvernementale et sa mise en œuvre amène les auteurs à nuancer l’idée d’une domination coercitive.

Pour les juristes et les criminologues, cette approche des auteurs Boisvert et Bégin est « novatrice et fort utile ». Soulignons d’ailleurs qu’Yves Boisvert est professeur titulaire en éthique et gouvernance publique à l’École nationale  d’administration publique (ENAP) de Montréal alors que Luc Bégin est professeur titulaire à la Faculté de philosophie de l’Université Laval à Québec (ville).

ANDRÉ NORMANDEAU et SAMIR RIZKALLA
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

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