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RCCJP – Volume 67.1

L’Insécurité au présent / Les évolutions de la criminalité et de la violence

Anne-Marie Mamontoff et Catherine Mamontoff (Sous la direction)
Paris : Revue thématique de l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI). 2025. 182 p.

Ces Cahiers depuis les années ’90 sont des trésors pour la criminologie. En effet, publiés sous forme thématique, ce sont l’équivalent de livres fort pertinents en matière de justice pénale et de criminologie. Le lecteur de notre revue bénéficiera hautement de connaître ces Cahiers.  Les Cahiers explore toutes les dimensions autour du thème de la sécurité. Ces Cahiers constitue la publication francophone de référence pour ce qui concerne la réflexion sur ce sujet. Sa ligne éditoriale est orientée sur l’analyse des menaces et des risques du monde contemporain ainsi que sur les stratégies de réponse et les outils pour les mettre en oeuvre. À l’image de l’Institut, lieu de croisement de cultures professionnelles diverses, elle ouvre ses colonnes aux universitaires et aux chercheurs, mais également aux acteurs du monde de la sécurité et de la justice des secteurs public et privé. Ayant personnellement approfondie à multiples reprises les textes de ces Cahiers, je peux témoigner que la qualité des réflexions que l’on retrouve dans tous ces numéros thématiques est le gage d’une mine d’outils « remarquables » pour améliorer le système de justice pénale, que ce soit aux niveaux de la police, des tribunaux, de la prison et/ou des alternatives à l’emprisonnement. Je le dis sans détour: « Je suis élogieux de ces Cahiers sans être complaisant », me semble-t-il.

Les Cahiers no 60 qui porte sur « L’insécurité au présent » analyse « Les évolutions de la criminalité et de la violence » avec la collaboration d’une trentaine d’auteurs et d’autrices. Comme il est impossible de résumer 25 articles, malgré que la plupart sont fort intéressants à mes yeux de criminologue, j’en retiens pour l’instant deux qui pourraient particulièrement intéresser les lecteurs de notre revue, à savoir:

# 1- L’éditorial de Christophe Souliez, le nouveau Directeur de l’Institut, nous rappelle à juste titre que pas un jour ne se passe sans que les journaux ne relaient leur lot de faits divers, sans que ne soit constatée la violence qui sévit dans tous les milieux et sous toutes les formes, ou que de nouveaux phénomènes criminels n’émergent. Pas un jour, aussi, sans la preuve de la créativité de criminels qui renouvellent leurs modes opératoires et leurs pratiques pour essayer de s’adapter aux nouveaux dispositifs législatifs ou aux stratégies et méthodes mises en place notamment par les forces de la sécurité intérieure (la police …), l’autorité judiciaire (les tribunaux …) ou encore l’administration pénitentiaire. Et M. Souliez de décrire ce numéro 60 en proposant une exploration des évolutions de la criminalité et de la violence, principalement à partir d’un travail mené par des experts, universitaires et responsables institutionnels, en lien avec leur territoire propre. « Sans prétendre sur un tel sujet, nous dit-il, à l’exhaustivité, les analyses, témoignages et points de vue croisés sur des phénomènes appréhendés entre expérience de terrain et vision nationale, permettent de se faire une idée relativement précise des évolutions de la criminalité et des enjeux dans son sillage » (p. 5).

# 2 – L’article de Jacques de Maillard, le Directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) à Paris, est également professeur de science politique à l’Université de Versailles. Son livre que je juge personnellement le plus important est celui écrit avec le politologue américain, Wesley Skogan, de l’Université de Chicago: « Police et société en France » (2023). Il a aussi plus récemment publié avec Fabien Jobard:  » Sociologie de la police » (2024). Son article dans ces Cahiers no 60 se penche sur la diffusion de la « police de problèmes » en gendarmerie française. Comme l’auteur le rappelle, la « police de résolution de problèmes » est née aux États-Unis. Elle représente un type d’action policière reposant sur l’analyse approfondie de problèmes de sécurité et sur des réponses qui combinent moyens coercitifs et non coercitifs. Sa diffusion a suscité un large débat international portant sur ses finalités, ses modes opératoires et ses effets. En revanche, peu de travaux ont abordé son usage par les forces de police en France, lacune que cet article cherche à combler à partir d’une enquête menée dans certaines gendarmeries en territoire français. La conclusion de Jacques de Maillard: « En adoptant une perspective temporelle plus étendue, on peut identifier des projets traduisant à la fois l’ancrage territorial des services de gendarmerie » … et un certain succès.

Des Cahiers depuis le no 1 au numéro actuel, le no 60, à lire et relire. « Sans flagorneries ni flatteries inutiles », une revue de très grande qualité fort utile, je le dis haut et fort, pour les universitaires autant que pour les praticiens de ces domaines de réflexion et d’action. Une revue, je le rappelle, qui est en fait l’équivalent d’un livre fort pertinent pour les criminologues, entre autres, à chaque numéro.

ANDRÉ NORMANDEAU
UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

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