Volume 57, No. 4 | Allez aux résumés
Articles
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Delinquent Displays and Social Status among Adolescents
Owen Gallupe, Martin Bouchard, and Garth Davies
Page 475
Making Meaning out of Punishment: Penitentiary, Prison, Jail, and Lock-up Museums in Canada
Kevin Walby and Justin Piché
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La cyberintimidation à l’épreuve du milieu scolaire québécois : regards d’intervenants sur l’irruption des nouvelles technologies à l’école
Jean-François Cauchie et Patrice Corriveau
Page 528
Re-defining Environmental Harms: Green Criminology and the State of Canada’s Hemp Industry
Wesley Tourangeau
Page 555
Hidden in the Shadows: The Impact of Temporary Worker Populations on Crime Rate Calculations
Andrew A. Reid and Neil Boyd
Page 566
Cyberbullying: Is Federal Criminal Legislation the Solution?
Patricia I. Coburn, Deborah A. Connolly, and Ronald Roesch
Résumés
Delinquent Displays and Social Status among Adolescents
Owen Gallupe, Martin Bouchard, and Garth Davies
Les recherches antérieures suggèrent que les adolescents ayant un statut social élevé ont plus d’influence que les autres sur la délinquance au sein d’un groupe de pairs. Mais l’on en sait bien peu sur le phénomène inverse, soit la possibilité que la délinquance elle-même affecterait le statut social des adolescents. Dans cette étude nous examinons si les adolescents qui démontrent des traits de délinquance ont un statut social plus élevé (mesuré par le nombre de nominations d’amitié reçues par les autres participants à l’étude). Deux modèles d’indices de délinquance sont proposés pour expliquer les statuts sociaux parmi les adolescents : le modèle de comportement délinquant et le modèle de « potentiel délinquant » (lequel ne requiert pas de participation délinquante). Des données de l’échantillon de saturation de la National Longitudinal Study of Adolescent to Adult Health sont utilisées (n = 1514). Les résultats démontrent que des adolescents qui démontrent un potentiel de délinquance en s’associant avec des pairs délinquants ont tendance à avoir un statut social plus élevé tandis qu’une véritable participation à des actes criminels (violents) a un impact négatif sur le statut social.
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Making Meaning out of Punishment: Penitentiary, Prison, Jail, and Lock-up Museums in Canada
Kevin Walby and Justin Piché
Bien que la majeure partie de la recherche portant sur le tourisme pénal mette l’accent sur les musées de pénitenciers et de prisons célèbres ou historiquement importants, notamment Alcatraz et Eastern State Penitentiary, aux États-Unis, il y a de nombreux endroits ruraux, y compris des anciennes prisons locales et des lieux de détention, où l’enfermement et les punitions sont discutés. En nous basant sur une étude qualitative de cinq ans, nous examinons l’ampleur de musées d’histoire pénale de toutes tailles partout au Canada. Nous offrons une typologie pour aider les criminologistes et les chercheurs en justice pénale à comprendre les sites culturels qui façonnent la signification publique de l’enfermement et des punitions, et contribuons à la recherche portant sur le tourisme pénal et le tourisme noir en analysant les expositions de musée. Nous faisons des comparaisons avec les significations trouvées dans des études portant sur des musées d’histoire pénale en Australie, en Afrique du Sud et aux États-Unis, et nous réfléchissons sur les facteurs influençant l’émergence de ces sites au Canada. Nous terminons par une discussion de la signification de nos résultats pour la criminologie et la recherche portant sur le tourisme pénal.
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La cyberintimidation à l’épreuve du milieu scolaire québécois : regards d’intervenants sur l’irruption des nouvelles technologies à l’école
Jean-François Cauchie et Patrice Corriveau
Au Québec, l’émergence des technologies de l’information et des communications (TIC) dans le milieu scolaire suscite régulièrement l’attention des médias et du monde politique, souvent par le filtre de la cyberintimidation. Mais qu’en pense le milieu scolaire lui-même? Pour le savoir, nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès d’acteurs de terrain issus de deux commissions scolaires, dans deux régions différentes. Ces entretiens ont été riches d’enseignements. En laissant ces acteurs circonscrire eux-mêmes les problèmes que posent à l’espace scolaire les TIC, notamment l’irruption des réseaux sociaux à l’école, nous avons pu établir que 1) la rhétorique de la cyberintimidation trouvait peu d’écho (voire pas du tout) parmi les acteurs de terrain, 2) les problèmes posés par les TIC en milieu scolaire ne tenaient pas seulement aux possibles souffrances vécues par les jeunes, 3) ces problèmes concernaient aussi l’insaisissabilité d’un phénomène (qu’est-ce que la cyberintimidation?), la porosité des murs de l’école (où commence et où s’arrête-t-elle?), et la non-maîtrise d’un environnement (faut-il ou non intégrer les TIC à la socialisation scolaire?). Notre recherche met donc en garde contre des analyses un peu trop hâtives et consensuelles au regard de la guerre à la (cyber)intimidation.
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Re-defining Environmental Harms: Green Criminology and the State of Canada’s Hemp Industry
Wesley Tourangeau
La criminologie écologique est en développement depuis plus de vingt ans dans le domaine de la recherche criminologique. Elle cherche à définir et à explorer les dommages sur le plan de l’environnement. Cette perspective comprend des approches qui vont au-delà des crimes environnementaux définis par la loi, soulignant les activités autorisées qui entraîne la détérioration environnementale, comme la coupe à blanc, et les activités prohibées qui profitent à l’environnement, comme les cyclo-pousses. Étendre la portée aide à identifier les dommages environnementaux non reconnus. L’article s’inspire de concepts postmodernes/poststructurels afin d’aller au-delà d’une simple définition des actions, soit nuisibles ou inoffensives, soulignant la complexité des effets socioécologiques et l’importance d’élargir les limites conceptuelles de dommages. L’expérience du Canada avec le chanvre industriel est un exemple approprié. L’industrie canadienne du chanvre, lourdement réglementée, offre une étude de cas importante pour enquêter sur les effets des contraintes sociales qui limitent la capacité de l’industrie à aider l’environnement. Des entrevues qualitatives dévoilent les perceptions du public, les exigences trop strictes des règlements et les capacités technologiques insuffisantes en tant qu’obstacles importants à une maximisation des avantages du chanvre sur l’environnement. Inspiré de la criminologie constitutive, de la chaos criminology et de l’importante critique de Halsey (2004a), l’article ajoute aux développements postmodernes/poststructurels en criminologie écologique.
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Hidden in the Shadows: The Impact of Temporary Worker Populations on Crime Rate Calculations
Andrew A. Reid and Neil Boyd
Les taux de criminalité, longtemps établis comme paramètres standards en recherche criminologique, sont reconnus comme étant utiles dans plusieurs différents contextes. Par contre, l’utilité des taux de criminalité dépend énormément de l’exactitude des données utilisées. En faisant l’étude de cas de trois juridictions situées dans la province de l’Alberta, au Canada, cette note sur la recherche tente d’évaluer l’impact de l’inclusion des populations transitoires (c.-à-d. des travailleurs temporaires) dans le dénominateur des calculs de taux de criminalité. Les résultats dévoilent que, dans certains cas, les populations transitoires ont un impact minime sur les taux de crimes rapportés. Dans d’autres cas, par contre, les populations transitoires ont un impact important. L’article conclut que les données de recensement municipal comprenant le décompte des populations transitoires devraient être prises en considération, surtout au sein des municipalités ayant un large ratio population transitoire-population permanente.
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Cyberbullying: Is Federal Criminal Legislation the Solution?
Patricia I. Coburn, Deborah A. Connolly, and Ronald Roesch
La cyberintimidation est fréquente et est souvent un conflit réciproque où les jeunes individus jouent tour à tour le rôle de victime et de brute. Peu importe le rôle, la participation en cyberintimidation est associée à des résultats négatifs et a récemment été liée à la mort de jeunes, dans quelques cas. Afin d’essayer d’apaiser les inquiétudes croissantes concernant la cyberintimidation, le gouvernement canadien a adopté la loi C-13 (Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la preuve au Canada…), laquelle interdit la mise en ligne d’images intimes non consensuelles. À cause des critères spécifiques de cet article de la loi, il est peu probable qu’elle protégera de nombreux jeunes de la victimisation en ligne. La loi C-13 criminalise aussi le harcèlement ou le comportement ennuyant effectué par voies électroniques. Cette loi peut aggraver les problèmes de non-divulgation, peut créer la confusion auprès des jeunes et peut faire en sorte que trop de jeunes, et un nombre disproportionné de jeunes marginalisés, soient intégrés au système de justice pénale. D’autres approches pour gérer le conflit, notamment l’accroissement de l’utilisation de programmes fondés sur la recherche empirique qui enseignent les jeunes à résoudre les conflits interpersonnels et les encouragent à dévoiler tout incident de cyberintimidation, seraient plus efficaces qu’une loi pénale fédérale à protéger les jeunes de la victimisation en ligne.