Avril 2019
Volume 61, No. 2 | Allez aux résumés
Articles
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Patterns of Change in Dynamic Risk Factors over Time in Youth Offenders
Maggie Clarke, Michele Peterson-Badali, Tracey Skilling
Page 26
La construction du cadre normatif de l’emprisonnement avec sursis : analyse de la réforme politique de la loi C-9 au Canada
Elsa Euvrard, Chloé Leclerc
Page 46
The Concentration of Crime at Place in Montreal and Toronto
Rémi Boivin, Silas Nogueira de Melo
Page 66
Remand as a Cross-Institutional System: Examining the Process of Punishment before Conviction
Holly Pelvin
Résumés
Patterns of Change in Dynamic Risk Factors over Time in Youth Offenders
Maggie Clarke, Michele Peterson-Badali, Tracey Skilling
Les évaluations du risque comprenant des facteurs dynamiques sont de plus en plus utilisées au sein du système de justice pour les jeunes afin de prédire les chances de récidive d’un jeune, d’aider la gestion des cas et de mieux informer les services d’intervention. Par contre, la plupart des études à ce jour se sont seulement fiées aux études en coupe transversale d’une seule phase, lesquelles traitent les facteurs de risque dynamiques comme étant statiques. Ainsi, il est difficile de savoir si et comment les facteurs de risques putatifs dynamiques changent avec le temps; il s’agit d’une question qui a des conséquences importantes sur les politiques et les pratiques en matière d’évaluations et de gestion des cas. À l’aide d’un outil d’évaluation du risque et de gestion des cas très utilisé et validé (le Youth Level of Service/Case Management Inventory), l’objectif de la présente étude était d’examiner si les facteurs de risques dynamiques définis dans le modèle Risques-Besoins-Réceptivité (RBR) changent effectivement avec le temps et, si c’est le cas, d’examiner les effets de prédicteurs spécifiques aux jeunes sur ces changements. Deux cents jeunes délinquants ont été suivis de leur première évaluation du risque, effectuée lors de la probation, jusqu’à leur transition à l’extérieur du système de justice pour les jeunes. Les résultats des analyses de modèles linéaires généralisés mixtes (GLMM) et de modèles de croissance à classes latentes (LCGM) indiquent que la plupart des champs de risque dynamiques ont vu leur score accroître avec le temps, mais qu’il y avait une variation individuelle importante parmi les jeunes à l’état initial et le taux de changement. Même en tenant compte des facteurs spécifiques aux jeunes, ceux dont le risque était le plus bas lors de l’évaluation initiale ont vu leur taux de risque augmenter de manière plus élevée que les jeunes qui étaient plus à risque. Les résultats ont des conséquences sur le cadre RBR, pour améliorer l’exactitude des évaluations de risque et pour influencer l’implantation de traitements.
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La construction du cadre normatif de l’emprisonnement avec sursis : analyse de la réforme politique de la loi C-9 au Canada
Elsa Euvrard, Chloé Leclerc
L’emprisonnement avec sursis, crée lors de la réforme canadienne sur la détermination de la peine en 1996, permet à une personne condamnée à une peine d’emprisonnement de moins de deux ans de la purger dans la collectivité, tout en respectant des conditions imposées par le juge. Dans un contexte de durcissement pénal, deux réformes, la loi C-9 en 2007 et la loi C-10 en 2012 ont réduit le champ d’application de l’emprisonnement avec sursis, rendant l’accès à cette peine de plus en plus sélectif. L’objectif de cet article est de comprendre comment s’est construit le cadre normatif de l’emprisonnement avec sursis au Canada. À partir d’une analyse des débats politiques autour de la loi C-9 en 2009, les résultats montrent l’implication d’une multitude d’acteurs, aux intérêts antagonistes, dans la construction de la loi. Ces acteurs s’organisent en quatre profils (le profil pragmatique, le profil communautaire le profil populiste et le profil juridique) selon leurs représentations et valeurs partagées. Ainsi, la loi ne s’est pas construite d’une manière uniforme, mais suite à une composition entre tous les arguments présentés.
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The Concentration of Crime at Place in Montreal and Toronto
Rémi Boivin, Silas Nogueira de Melo
L’identification de secteurs sensibles – des secteurs où l’intensité du crime est élevée – est de première importance dans les stratégies de prévention du crime. Tandis que l’idée de secteurs sensibles est acceptée dans la terminologie anglo-saxonne, ses fondements empiriques sont surtout tirés d’études américaines et comparativement peu de littérature est disponible dans d’autres pays, notamment le Canada. En tirant profit de leurs projets respectifs de « données ouvertes », cette étude compare les motifs spatiaux des deux plus grandes villes canadiennes : Montréal et Toronto. De plus, les auteurs révisent et explorent de manière empirique les cinq propositions découlant de la littérature existante, notamment que : (1) une petite proportion d’endroits explique une grande proportion d’incidents criminels enregistrés; (2) la concentration du crime est en corrélation inverse avec la taille des unités géographiques; (3) la concentration du crime varie de façon importante, peu importe si tous les endroits où seuls les endroits où au moins un crime a eu lieu sont considérés; (4) différents secteurs sensibles sont identifiés à des heures de la journée particulière; et (5) les secteurs sensibles de différents types de crime ne se chevauchent pas souvent. Toronto et Montréal semblent être similaires en matière de concentrations du crime et de secteurs sensibles. De plus, cette étude fournit un appui préliminaire à l’idée que les résultats des autres pays peuvent être généralisés pour s’inscrire dans le contexte canadien.
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Remand as a Cross-Institutional System: Examining the Process of Punishment before Conviction
Holly Pelvin
Actuellement, au Canada, il y a plus de personnes légalement innocentes incarcérées dans des prisons provinciales/territoriales que de prisonniers condamnés. En 2015, ce groupe, connu sous le nom de détenus provisoires, formait 37 % de la population totale des prisons – fédérales et provinciales/ territoriales – au Canada. Malgré la sensibilisation croissante du public en ce qui a trait au problème d’incarcération provisoire, nous en savons peu sur le coût humain de l’incarcération provisoire. J’examine quelques-uns de ces coûts par l’entremise d’une discussion portant sur trois dimensions distinctes de l’incarcération provisoire : l’arrestation, la présence en cour et la vie quotidienne en prison. En me basant sur des entrevues effectuées auprès de 120 détenus provisoires (60 hommes, 60 femmes) dans quatre prisons provinciales ontariennes à sécurité maximale, je démontre que le système impose de nombreuses punitions aux individus bien avant la condamnation, voire sans elle. Les conséquences de la détention provisoire ont des implications sur notre compréhension de la nature de la punition avant condamnation et des débats légaux contemporains au Canada sur le crédit de détention provisoire.